Entre parenthèses…
Il y a des périodes dans la vie, où l’on se sent un peu comme entre parenthèses…
Tout va bien et brusquement, c’est comme si on était emporté par une vague.
On voudrait regagner le rivage, on lutte, on nage, on s’épuise… Et au final, les courants sont plus forts, alors on se laisse porter non sans une pointe de fatalité vers on ne sait où…
Puis on se réveille, échoué au milieu de nulle part, sur une île totalement déserte.
On tourne en rond, on cherche à s’occuper l’esprit, à faire quelque chose d’utile, mais on se fatigue car on est déboussolé, sans être capable de rien. Alors la panique arrive. On se demande ce qui a pu bien se passer et comment regagner les terres qui nous sont familières. On se sent seul, totalement impuissant. On pleure un peu, on cherche un moyen. En vain.
Un océan nous sépare de l’horizon.
Petit à petit, la curiosité se mêle à l’angoisse, on se pose, on réfléchie, on s’en veut de ne pas lâcher prise alors qu’on sait pertinemment que c’est bien la seule chose à faire…
Finalement, on arrive à Taire son mental pour Écouter son cœur et on se rappelle que oui, tout à une raison. Que faire une pause, même forcée, c’est une façon de mieux se préparer pour toutes les choses qui bientôt, vont arriver…
J’ai achevé, relu et corrigé mon recueil de contes philosophiques depuis deux mois déjà, mais étrangement, et cela vous surprendra certainement, je n’ai encore envoyé mon manuscrit à aucun éditeur.
J’ai mis un moment à me l’avouer mais je crois qu’au fond, je reculais volontairement ce moment… Une peur un peu sournoise m’a rattrapée, celle d’être jugée, de cibler un mirage, d’échouer…
Cela m’a travaillé inconsciemment, à tel point que j’ai passé mon mois de juillet à stresser plutôt qu’à pleinement profiter de la montagne. J’ai voulu me détendre mais je n’arrivais pas à mettre de côté quelques soucis personnels. J’ai voulu écrire mais je n’ai pas pu trouver un vrai moment de solitude ; j’ai voulu méditer, mais là encore, je n’y suis pas arrivée ; j’ai voulu faire de la photo, mais l’envie n’y était pas.
Alors au final, je n’ai rien fait et j’ai culpabilisé. J’en étais donc à ce stade perturbant où l’on est sur son île déserte sans comprendre ce qui nous arrive et où l’on tente vainement d’en sortir.
Mais le mois d’août arrivant, lassée de marcher contre le vent, j’ai enfin lâché les armes…
Je me suis rappelée la réplique d’un ami quand je lui ai fait part de ma peur des refus : « on s’en fout de la gueule du vélo, l’important, c’est de pédaler ! » C’est tellement vrai…
D’une manière ou d’une autre, j’arriverai à tenir mon livre dans les mains, alors pourquoi m’embarrasser d’inquiétudes ? L’important étant de continuer à écrire puisque c’est ce que je suis.
Une autre amie à qui je confiais mes angoisses m’a écrit ceci : « Honte d’avoir écrit un livre ? (…) Honte d’oser ? De faire ? D’avouer ? D’être ? Comment nous a-ton élever Marie ? Honte d’agir ? D’avoir agi ? Soit fière quoi qu’il arrive, tu montres au monde qu’avec la persévérance on peut tout faire, même vaincre ses doutes et oser ! »
Je me suis sentie bête d’avoir honte, car oui, pourquoi avoir honte de ce que l’on Est, de ce que l’on Fait avec Amour ? Si chacun osait, le monde s’épanouirait sans frustration, c’est certain.
Après ça, j’ai compris que d’être coincée sur cette île déserte était une vraie bénédiction. En l’explorant, j’y ai cueilli des fruits de sagesse insoupçonnés, des petites leçons de vie grappillées.
J’ai compris que cette pause forcée était là pour me préparer au grand saut… Reculer pour mieux sauter.
Je ne sais pas du tout ce que me réserve l’avenir, mais je sens très bien que je suis à une étape charnière de ma vie, comme si un gros chapitre allait bientôt se terminer et un autre, commencer.
Alors sur cette île, je prends du recul, je remets en ordre d’anciens schémas de mon existence, je balaye du doigt certains séquelles du passé, bref, je cesse de vouloir regagner à tout prix l’autre rive et je profite de ce temps de repos forcé pour entreprendre un gros nettoyage dans ma vie, faire de la place pour laisser entrer le beau et le neuf.
À la rentrée, je sais que la parenthèse se refermera enfin et qu’un bateau me ramènera à bon port. Le timing est parfait… Tout est parfait. Et j’ai beau le Savoir, tout cela à encore le don de m’étonner.
Ce matin, alors que j’étais sous la douche en ressassant tout ça, j’ai entendu qu’on me soufflait à l’oreille une étrange idée : « la vie c’est comme une carte au trésor ».
J’ai médité un moment sur cette phrase en me disant que c’était bien vrai.
On la tient entre nos mains, on tente de la déchiffrer et de rejoindre son trésor caché. On avance, on se perd parfois en route, on prend des chemins détournés, on suit les indices, les signes qui nous mènent au bon endroit et quelquefois, on refuse de les voir…
Et puis quand on atteint enfin le coffre, on peine à l’ouvrir ou l’on s’aperçoit que l’on s’était bien trompé sur son contenu. On comprend à quel point il est plus merveilleux encore que tout ce que l’on avait pu imaginer, mais que le chemin pour le trouver le fut tout autant… Et que c’est sur ce dernier que l’on se doit d’être attentif et vaillant, de prendre du recul et d’apprendre à observer la carte avec distance et détachement pour mieux en connaître l’étendue et la richesse…
Il y aurait tant à dire… Et c’est pour ça que j’aime écrire.
Pour trouver les mots capables d’encourager les autres à entreprendre une véritable réflexion sur la Vie, les faire avancer, leur insuffler l’espoir, leur faire comprendre que chacun est maître de son existence et qu’il n’existe d’entraves, que celles que l’on s’érige à soi-même…
Alors bientôt, quand je rejoindrais enfin le rivage et que je refermerai la parenthèse, je serais fin prête à faire le grand saut. Je ne sais pas ce qu’il me réserve, mais une chose est sûre, je gagne plus à le tenter qu’à rester sur le bord à trembler…
Cet article est un peu décousu, je m’en excuse, mais j’avais besoin de mettre des mots sur ce que je ressens en ce moment, car je crois bien, sans me tromper, que nous sommes nombreux dans ce cas… À retenir notre respiration une dernière fois, réaliser qu’on atteint presque le sommet, que tout le chemin parcouru n’a pas été vain, que désormais, il ne reste plus qu’un pas, et malgré le fait que l’on ait eu à surmonter plus dur que ça, c’est ce dernier geste, ce dernier acte qui nous terrifie plus que tout autre ! Car oser, c’est se jeter vers l’inconnu, lâcher prise et faire Confiance. Autant de chose qui sont difficiles à entreprendre quand depuis enfant, la société nous offre une vision limitée de l’existence où l’on encourage la frustration plutôt que l’épanouissement.
Quoiqu’il en soit, n’oubliez pas de garder un œil sur votre carte.
Si vous restez hermétique à la Vie, votre coffre au trésor sera désespérément vide, car vous aurez oublié, dans votre course effrénée, d’en ramasser le contenu tout au long du Chemin…
Je suis Marie, médium et écrivaine, et je vous emmène sur les chemins de votre intériorité en quête de Sens et de Clarté !
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